الحراك والانتخابات الرئاسية في الجزائر

  • شارك هذا الخبر
Wednesday, December 4, 2019

Donnée pour mort-née, l’idée de la Présidentielle Algérienne qui doit se tenir le 12 Décembre fait son petit bonhomme de chemin. Malgré 10 mois de Mouvement populaire (Hirak), l’élection voulue par l’Armée Algérienne peut déboucher, paradoxalement, sur une vraie parenthèse démocratique qui risque de faire regretter aux animateurs du Hirak de ne pas avoir présenté leur candidat.
Les forces en présence, à une semaine des élections Algériennes, sont dans l’expectative. D’un côté, un Hirak qui bat toujours le pavé, aux forces déclinantes, et qui reste largement dominé par les partis réfractaires de l’opposition (gauchistes ou berbérophones). De l’autre, Une armée droite dans ses bottes, qui a fait du processus électoral l’aboutissement incontournable d’une sortie de crise par le haut. Entre les deux, l’opinion Algérienne qui représente la majorité silencieuse, voie invisible, lassée aussi bien des mouvements de Rue que des solutions imposées par le Pouvoir.
Le corps électoral algérien est assez large (23 millions d’électeurs), que toutes les conjectures sont permises. Le Hirak qui s’accroche à une période de transition qu’il a du mal à formaliser, si ce n’est à verbaliser, est entré dans une totale improvisation. Les idées d’actions citoyennes (Grèves générale, désobéissance civile…) ont toutes été des échecs malgré les apparences d’une « Révolution » populaire. Une preuve que le corps social, peut sympathiser avec ce mouvement, mais demeure sceptique quant à sa représentation.
Du côté de l’Armée, dont le Hirak semble avoir mésestimé les capacités tactiques, les choses étaient pourtant affichées depuis le début du « renversement » de Bouteflika. L’élection sera « propre et démocratique ». C’est-à-dire, qu’en l’absence des partis clientèles du pouvoir, tels que le FLN, le RND ou les islamistes du MSP, dont la fraude a toujours avantagé ce tiercé dans l’ordre, l’élection de décembre 2019 sera clean. L’administration Algérienne qui avait la fâcheuse habitude de triturer les chiffres de victoire a été mise à l’écart du processus. Une commission indépendante pour la présidentielle (ANIE), dirigé par un tatillon ancien magistrat, Charfi, a été installée. Des gages et des garanties ont été donnés aux participants par le président par intérim, Bensalah.
Le Hirak a ignoré ses signaux, considérant l’armée comme un prolongement du pouvoir « Bouteflikien », sans prendre en considération que le coté Binaire des Généraux Algériens pouvait déboucher sur une élection ouverte, réellement transparente et qui aurait laissé faire le jeu des urnes. Cet autisme peut lui être fatal, car les représentants du Hirak entre l’avocat, Bouchachi, la juriste, Assoul, l’activiste, Tabbou, l’ex-diplomate, Rahabi ou les anciens premiers ministres, Hamrouche et Benbitour, n’y ont simplement pas crus par gourmandise politique quand le mouvement était à son apogée. Refusant de s’associer au processus électoral, précisément, au moment même où ce dernier risque d’être, étonnement, libre. Et les dernières tentatives du Hirak de se doter de leaders représentatifs, issus de la base, est un indice supplémentaire que le Hirak a compris, trop tardivement, qu’il aurait dut donner sa chance à la présidentielle où à la parole de l’état-major que les dés ne seraient pas pipés cette fois-ci.
L’Armée Algérienne avait la possibilité de concrétiser un coup de force dès Mars dernier. Le climat était propice à une OPA à l’Egyptienne, avec une Rue soulagée par le départ des symboles de Bouteflika, dont une majorité croupit en prison dans l’attente des procès pour des affaires pharaoniques de corruption. Elle n’a pas cédé à cette tentation. Même si les arrestations se multiplient dans un Hirak qui se radicalise aussi, allant jusqu’à empêcher les électeurs Algériens de choisir l’option électorale, la présidentielle va se tenir et un Président Algérien sera élu. Le climat tendu n’y changera rien si ce n’est à faire apparaitre le gros de l’iceberg de cette majorité
jusque-là, invisible, qui va trancher le débat.

Albert Farhat